Journée internationale de la Femme, 8 mars 2015: le chanteur Dinastar prend position.
France, Mulhouse et une lecture de la journée mondiale des « Mama », selon ce langage des Congolais pour désigner « bébé-fille, mère ou pas, mariée ou pas, enfant ou majeure ». Le chanteur de la rumba congolaise Dinastar Shango, auteur de l’album « Bolingo », ne manque pas à l’appel pour le 8 mars 2015 vu que c’est La Journée Internationale de la Femme. Même si cette journée ne fait qu’une apparition fugace si l’on fait la décompte du nombre des jours qui existent en une année, Dinastar Shango enregistré parmi les artistes congolais les plus sympathiques, a un principe proclamé: « même si d’emblée, je me demande à quoi sert cette journée consacrée à la Femme, je dois dire que c’est très importante car c’est un marqueur international légitimé par l’ONU. C’est un consensus de l’Humanité. Beaucoup de choses étant permises aux artistes aussi, alors je prend des positions ». « Ata na mobu 2015. Mpo na mbongwana ya ki bomoto ya mwasi* »(« En pleine année 2015. Fragilité de la condition de la femme »).
Ce 8 mars 2015, Dinastar et quelques réflexions de ce chanteur dont l’étoile a un grand rendez-vous.
Pour tout être humain, digne de ce nom, naturellement, l’on doit considérer la femme comme la matrice même d’une nation. La nature a confié à la femme, un rôle tellement immense ; Celui de donner vie à une nouvelle créature, car, sans elle le monde serait appelé à disparaitre.
Oui, on a très bien fait de consacrer une journée entière à la Femme . Mais, il y a un mais… Vu tout ce que l’homme inflige à la femme, comme souffrance, je me demande même, quel est le sens exact de cette journée, dite du 8 mars de chaque année ?
Pourquoi ce que certains appellent “la communauté internationale” n’intervienne pas efficacement, surtout, quand il s’agit de la violence faite à la femme africaine, de surcroit, congolaise ? Que je sache, y a-t-il 2 catégories de femme sur cette planète terre ? Celle qu’on doit respecter et protégée et celle qu’on doit déconsidérée et laisser se faire violentée à la longueur des journées ?
Violence physique et sexuel faite contre les femmes congolaises de la République Démocratique du Congo: moi Dinastar Star, je dénonce et je combats.
De par le monde, des lois sont faites pour protéger la femme. Mais, pourquoi ne sont-elles pas appliquées aux femmes congolaises victimes des viols massifs en République Démocratique du Congo, surtout, dans la partie Est où sévissent toujours cette guerre de basse intensité, la plus grande guerre depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale vu le nombre des victimes dans la durée ?
Pourquoi la violence physique et sexuelle faite aux femmes, en Afrique ne bénéficie PAS d’une large couverture médiatique dans les grands médias du monde que celle de la femme occidentale ?
Ces hommes, des maîtres qui dirigent ce monde sont-ils des humains ou des extra-terrestres ? Pourquoi ce silence de la communauté dite internationale face à la tragédie que vive la femme de mon pays, la République Démocratique du Congo, la RDC ?
Personnellement, je dénonce cette inertie du monde occidental par rapport à ce qui se passe en Afrique, précisément, en RDC. J’ose croire, j’en suis certain que les violences faites aux femmes congolaises est un plan bien conçu pour exterminer notre population. Puisque l’ONU et autres institutions internationales ne protègent pas nos femmes, à quoi bon d’y rester au sein de ces instances internationales et de célébrer la date du 08 mars ?
Pour conclure, je suggère aux pays africains subsahariens de quitter, collectivement, toutes instances internationales qui ne protègent pas les femmes africaines. Autant créer nos propres institutions qui protègeraient les nôtres.
Rôle des artistes congolais, toutes tendances confondues: des valeurs qui m’habitent.
Pour ne pas se faire passer pour un donneur de leçon ou endosser le rôle de moralisateur, je demande à tous les artistes, toutes tendances confondues, de redonner la dignité à la femme congolaise, qu’on appelle avec nos dignités ancestrales « Mama » ; Car, dans nos coutumes et traditions, la femme est considérée comme une Reine qu’on doit chérir de tendresse, d’amour, etc. ; Raison pour laquelle, dans les temps anciens, l’homme assumait tous les travaux conventionnels pour assurer le bien-être de sa femme, de ses enfants, bref, de toute la famille.
De ce fait, dans nos chansons, nous immortalisons, nous chantons la femme dans le bon sens, comme le faisaient nos ainés. En parlant des ainés, je fais allusion à des titres comme : « Ndaya Paradis » du chanteur-star Rochereau Tabu Ley ; « Mama » de l’artiste Papa Wemba ; « Merci Maman » de l’orchestre Bantous de la Capitale, etc. ; Sans oublier, le titre « Mama Bolumbu » du jeune talent Dinastar Shango.
Propos recueillis par Nkumu/Rédaction centrale-Europe. Photos: archives chanteur Dinastar/Mulhouse.
* Phrase en langue internationale Lingala.
Mots-clefs : 8 mars, Dinastar Shango, Journée de la femme