Décès à Kinshasa du Chanteur Champro King, vedette de la rumba congolaise (années 60-70) : France, Belgique, Japon… parlent de lui.
Echos dans la diaspora en Occident. Le chanteur Champro King vient de décéder à Kinshasa, le vendredi 19 février 2016, vers 20 heures de suite d’une maladie. Cette triste nouvelle nous a été communiquée le samedi 20 février 2016 à 15H04 par son petit frère Toussaint Mavoungou Tchapi, une des figures politiques connues dans la diaspora du Congo-Brazzaville en France: «Je suis très perturbé et trop triste. Yaya akufi lobi. Yaya na ngai Champro King…»*.
Dans quelles circonstances est-il décédé dans cet hôpital de Kinshasa? C’est lors de sa troisième hospitalisation que ce grand et digne Kinois CHAMPRO KING avait rendu l’âme. Il a été étoile de la rumba congolaise et vedette de l’orchestre Cobantou des années 60-70.
Peu de temps avant, Champro King a été au téléphone avec son jeune frère Toussaint Mavoungou qui réside en France. Il lui avait dit d’être calme et de venir sinon ils ne se verront plus. Et Mavoungou l’a soutenu et lui a dit qu’il arrive à Kinshasa car il venait à peine de recevoir de la part de l’administration française compétente dans l’avant-midi du 19 février 2016 une copie du document de naissance de nationalité française de son frère ainé Champro King. C’était pour le faire venir en France pour des soins. Des dispositifs des autorités de la RDC pour avoir un visa d’entrée avaient changé.
Et voilà que cette terrible nouvelle est tombée, dans la soirée de ce même vendredi 19 février 2016. “Nsango ya liwa ya elombe moyembi asala kala Champro King,ekomaki mbangu awa na poto epai ya biso bampanzi nsango ya Kongo”[*].
Des «graveurs» de mémoires en Belgique et l’oeuvre artistique de Champro King.
Dans son catalogue des chansons qu’il avait composées, nous avons pensé à ses succès comme «Affaire Semeki», «Camarade», «Mbue»… Le chanteur Champro King avait aussi dédié une oeuvre à succès à une des plus grands équipes africaines, le club de football V. Club de la ville de Kinshasa et à ses joueurs Mange le défenseur, Kibonge Gento le capitaine, Adelard Mayanga… Son titre est «Véa».Un «Belgicain» (appellation donnée à des étudiants congolais de Belgique, dans les années 60-70) s’est exclamé : « Comment ce chanteur pouvait-il alors demeurer dans un anonymat car le football est un sport-roi au Congo-Kinshasa ? ».
Sur la scène des bars de Kinshasa comme «Lune Bar» de la commune de Ngiri-Ngiri, Champro King était très spectaculaire. En ces temps-là, Champro King était la vedette de l’orchestre Cobantou dont le propriétaire est l’artiste-musicien connu Dewayon Ebengo qui avait une femme belge. Ses compagnons dans ce groupe musical étaient Emmano, Abewe, Zembla, Mayos…
Champro, ce métis était beau comme un dieu. Et dansait à merveille. C’est ce qui nous a été rapporté au téléphone par certains Congolais installés en Belgique. Ils sont des «graveurs de mémoire» dans la diaspora congolaise de Belgique. Ces Congolaises et Congolais de la RDC n’ont pas oublié Champro King, Champro le roi, Champro le Kinois. Et ils étaient très émus d’apprendre son décès.
Ntinu Malonga dit « Champro King » le chanteur : né à Brazzaville, fils d’une brave Brazzavilloise, venu très jeune et très tôt à Kinshasa pour gagner sa vie. Et la politique de l’authenticité du président Mobutu Sese Seko.
Lors de la politique du Recours à l’Authenticité en 1972-73 du président de la république Mobutu, la presse musicale de la capitale Kinshasa a révélé au grand public le nom d’état civil de l’artiste Champro King: NTINU MALONGA.
Il était né à Brazzaville le 1er septembre 1943. Le nom de sa mère, une Brazzavilloise est Malanda Céline. Comme dans des habitudes d’un bon nombre de familles dans nos contrées pour donner des valeurs ancestrales à leurs enfants, la maman de Champro King était appelée aussi familièrement Mboukou Malanda car le nom de son père est Mboukou Alexandre.
Pourquoi le nom Champro? Quand celui qui sera connu et propulsé de succès en succès à partir de Kinshasa sous l’appellation CHAMPRO KING, était né à Brazzaville, l’actuelle République du Congo était sous occupation coloniale et colonialiste française.
Et son géniteur de père, un Français ne l’avait pas reconnu à sa naissance. Le nom de ce Blanc français est CHAMPROUX. Il nous a été dit que son papa, le Français, se rattrapera beaucoup plus tard.
Champro, son nom d’artiste viendrait, de Champroux. Ses fans à Kinshasa l’ont qualifié «Roi» («King», en anglais) car sur scène certains gestes qui pouvaient faire penser au chanteur américain Elvis Presley «The King». A une époque de sa vie artistique, Champro King allait même danser dans la troupe «Zebola» (danses traditionnelles congolaises) aussi du chorégraphe populaire Alexis, un originaire du Nord du Congo-Kinshasa. Ces danses ancestrales vers des valeurs du peuple Mongo se déroulaient dans la résidence du Congolais Alexis (Rue Lowa, dans la commune de Barumbu, vers le grand marché central de la ville de Kinshasa).
Au fil du temps dans des médias à Kinshasa. Et à l’image du très célèbre journaliste-animateur-producteur des émissions de radio Mateta Kanda “MK” (Radio nationale RTNC), des journalistes ou chroniqueurs de la musique congolaise à Kinshasa de différentes générations kinoises et du Congo-Kinshasa l’ont tellement soutenu. Bilan : il a sa place unique dans le patrimoine de la rumba congolaise, à Kinshasa. Des médias congolais lui ont ouvert des portes de la légitimité médiatique. C’est une belle reconnaissance de son talent et de ses apports.
Sa popularité a toujours été dans la course. C’est ce qui était mentionné dans une édition de l’année 1969 du journal paraissant à Kinshasa « Jeunes pour Jeunes » du grand monsieur Freddy Mulongo(1): «Champro King n’est pas au bout du rouleau. Il est de toutes façons un des rares vieux musiciens qui tient coup, tête haute. Créateur de génie, animateur consommé, il vient de lancer une nouvelle danse recueillie – dit-il – sur la planète interdite : Jupiter ! La danse en question est une variante de la Tchika Tchika et s’appelle Tchika –chauffé !».
En France, certains Kinois leaders d’opinion ne l’ont pas effacé dans leurs mémoires même s’il ne faisait plus l’actualité musicale.
Dans les années 2011-2012, en France, la radio Mangembo 99.7FM du journaliste congolais de la République Démocratique du Congo Joseph Pululu, a fait des chroniques sur Champro King. Et un site internet avait fait des relais.Et l’artiste-musicien congolais de Kinshasa Lengo dit «Hassan Paulka» qui a crée le site de référence sur la rumba congolaise, «Univers Rumba», s’est aussi intéressé dans ses recherches au chanteur Champro King. Monsieur Lengo «Hassan Paulka» travaille dans un encadrement des chanteurs et musiciens congolais depuis l’Ile-de-France. Dans son réseau, il est avec ses potes français.
Dans la région parisienne, le célèbre animateur des cérémonies événementielles et l’homme des médias Rouf Mbutanganga qui réside en France depuis plus d’une vingtaine d’années ne l’a jamais effacé de sa mémoire. «C’est notre ainé du quartier Yolo. C’est une référence», nous avait-il dit lors d’une conversation qui date (les années 90).
Mes souvenirs d’enfance: Champro King, une attraction dans le quartier Yolo (capitale Kinshasa).
Quand mes cousins, neveux, frères, nièces et amis, nous le voyons régulièrement dans la rue à côté de sa maison du quartier Yolo Sud, dans la commune de Kalamu (ville de Kinshasa), je n’étais pas encore journaliste. Dans ces années de 60-70, j’ai résidé à Yolo dans une magnifique propriété d’un de mes grands de la famille, un homme politique connu sur le plan national et international.
J’y habitais avec mon grand frère Jean-Jacques Miango (assassiné en 1985 par des soldats au camp militaire Kokolo après avoir été torturé), mon grand cousin Emmanuel et un Grec, monsieur Vassiliades qui avait un fils Costa. Le Grec travaillait pour notre grand frère. Je raconte cette histoire pour dire surtout que mon grand frère Jean-Jacques Miango Muiyo et Champro King se connaissaient d’autant plus que mon grand frère a été enseignant dans une école de Kinshasa et Champro King «enseignait» une jeunesse avec ses chansons.
Le quartier Yolo où vivait Champro King est une zone qui a vu résider des célébrités de la rumba congolaise (Evoloko, Dindo Yogo, Maître Taureau Ngombe, Djanana Panga wa Panga (le père du rappeur français Me Gims), Vadio Mambenga, Abro Monshe, Rossignol Lando, Vicky Longomba, Bopol Mansiamina, Djo Mali, Kisola Nzita de l’orchestre Stukas du leader Lita bembo, le bassiste Ada, le chanteur Dewayon Ebengo, la chanteuse Etisomba, Bozi Boziana…
Champro King attirait beaucoup de jeunes.Il est arrivé souvent qu’il devait dire aux enfants qui trônaient devant chez lui: « Bokende kelasi » (en Lingala: «allez en classe»). C’était pour que des enfants ne trainent pas devant sa parcelle afin de ne pas arriver en retard à l’école. C’est qu’une dame du quartier avait raconté à ma famille. Ma tante et ma grande soeur Monieme nous le disaient pour nous donner des bons conseils.
J’étudiais en ce moment-là au Collège Albert de la Commune de Gombe (section littéraire Latin-Philosophie) avec des potes comme Jean-Pierre Finant (qui deviendra le chanteur musicien Abumba Massikini. Il était le petit frère de la chanteuse Abeti Massikini), Michel Essenga ( surnommé «James»), Kalassa N’siri (qui deviendra journaliste après avoir fait des études universitaires de journalisme à l’Isti/Unaza comme moi), Walelu, Ndoza, les deux frères Mobe Baudouin et Michel, Ileo «Za» (fils du premier ministre Ileo), Jean Marie Bhowé (dit «Djamoul» qui nous a fait découvrir et aimé les chansons à succès de Belgicains des orchestres Yéyé National et Los Nickelos. Fils d’un des responsables de la sécurité du pays à cette époque, Djamoul apportait à l’école un tourne-disques et des disques 45 Tours dont ceux de Champro King), Mbuyi Fabien… Chacun de nous avait son petit commentaire sur le chanteur kinois Champro King. Notre responsable de classe était le prêtre belge Liagre (Père Liagre) et suivait à sa manière les actualités musicales car il savait que ses jeunes élèves aimaient la rumba congolaise et ses vedettes dont fait partie Champro King.
Au nom de l’orchestre japonais Yoka Choc Nippon: des condoléance à sa famille.
Le communication-manager de l’orchestre Yoka Choc Nippon dont les chanteurs et musiciens japonais sont basés à Chiba et Tokyo, a présenté les condoléances les plus sincères à la famille du défunt Champro King. Monsieur Toussaint Mavoungou a été informé sur ce sujet en date du 21 février 2016 à 12H28′. En termes de naissance, Mavoungou est né le deuxième enfant de maman Malanda Céline et le premier enfant et l’aîné étant Champro King. Ces condoléances s’adressent à sa famille de Kinshasa et Brazzaville.
Lilo Miango/Rédaction de Paris. Illustrations: libres de droits.
(1) ne pas confondre avec le journaliste Freddy Mulongo du média ReveilFM International publié actuellement en France ; même si tous les deux Freddy Mulongo appartiennent à la même famille biologique. Kinois : appellation des habitants de la ville de Kinshasa.*En langue internationale Lingala.
Chanson “Mbue” de Champro King.
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