Journaliste Robert Kongo: « LA REMISE DES MEDAILLES DU “PRIX NATIONAL DE MERITE DE LA CULTURE ET DES ARTS” fait des mécontents dans la diaspora ».
France et à travers la diaspora congolaise des autres pays européens. VISIBILITÉ DES JOURNALISTES ET MEDIAS CONGOLAIS/2016. Dans la continuité de la dynamique pour cette visibilité légitime démarrée en janvier 2015, vous pouvez lire cet article du journaliste congolais de France Kongo Robert, correspondant en France du journal congolais Le Potentiel, publié dans ce journal de Kinshasa et dans son blog “Kongo Espoir 21”. Robert Kongo est docteur en journalisme et a déjà donné des cours à des étudiants en journalisme au Congo. Pour tous les publics qui soutiennent cette dynamique de visibilité des journalistes et médias congolais de l’Europe: «muaka mupia 2016, ikuwe muaka njema*». (en langue Swahili: «Que la nouvelle 2016 soit une bonne année*»).
L’article de notre confrère Robert Kongo.
« Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a, au nom du Président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, procédé mardi 29 décembre 2015 au Palais du Peuple à Kinshasa, à la remise des médailles du « Prix national de mérite de la culture et des arts » (PNMCA) aux 90 artistes et personnalités du monde culturel évoluant au pays et à l’étranger. Mais certains artistes congolais de la diaspora, qui n’ont pas été nominés, se sentent marginalisés et s’interrogent sur la procédure de sélection des récipiendaires.
Pour les lauréats venus de l’étranger, cette reconnaissance nationale est bienvenue parce qu’elle répare une injustice qui montre que le titre d’ambassadeur de la culture congolaise ne revient pas au seul artiste congolais qui réside en RDC.
En effet, parmi les artistes primés au cours de cette cérémonie figurent notamment ceux de la diaspora : Lita Bembo, Nedule Papa Noël, Bonghat Tshekabu Saak Sakoul 1er, Kiambukuta Josky, Ray Lema, Dizzy Mandjeku, Lokwa Kanza, Nyboma Mwan’Dido Danos Canta et Barly Baruti.
Il ne faudrait donc pas résider en RDC pour mériter une reconnaissance nationale. C’est aujourd’hui prouvé qu’un artiste résidant à l’étranger n’est pas moins artiste et moins congolais que son collègue vivant au pays. L’équivoque est enfin levée sur cet imbroglio.
LA RÉSURRECTION DES LAUREATS DE LA DIASPORA
C’est «la résurrection» pour les récipiendaires venus de l’étranger, d’autant plus que l’occident est considéré comme un “cimetière” des artistes congolais. Certains esprits tordus ignorent que ces individualités sont avant tout artistes et qu’ils sont passionnés par leur métier, et qu’ils continuent à créer comme leurs collègues vivant au pays.
Il est juste et honnête que leur talent ait été reconnu. Pour eux, c’est l’accomplissement d’un désir ; un motif de fierté, car il est indécent d’attendre toujours le jour des funérailles de leur disparition pour leur rendre hommage.
Nedule Papa Noël, Bonghat Tshekabu Saak Sakoul 1er, Ray Lema, Nyboma Mwan’Dido Danos Canta… ont raison de se réjouir, car ils ont mérité leur récompense. C’est le couronnement d’une carrière, de toute une vie artistique. Chapeau bas!Il est d’ailleurs souhaitable que soit organiser à titre posthume une cérémonie similaire en mémoire des artistes congolais disparus, incluant notamment ceux ayant résidé à l’étranger: Teddy Sukami, Ntesa Nzitani Dalienst, Likinga Redo, Philo Kola…
Néanmoins, le choix des artistes venus de l’étranger n’a pas fait que des heureux. Certains infortunés collègues s’interrogent sur l’objectivité d’une telle sélection.
PROFONDE DÉCEPTION DES NON SÉLECTIONNES
Qu’est- ce qui a établi la liste des récipiendaires venus de l’étranger ? Est-ce un arrangement entre amis? Telles sont les questions que bon nombre d’artistes résidant, eux aussi, à l’extérieur du territoire national mais qui n’ont pas eu la chance d’être sélectionnés se posent avec amertume. Leur déception est profonde.
Selon le président du jury, Joseph Ibongo, les critères qui ont prévalu à la sélection des lauréats sont les suivants: 1. Ancienneté dans le métier 2. Notabilité et moralité. 3. Œuvres conformes aux us et coutumes.
D’après certains artistes mécontents, qui pour la plupart exercent depuis plus de 40 ans, ils remplissent eux aussi ces critères.
«Pourquoi les autres et pas nous?», «Sont-ils plus méritants que nous ?», s’interrogent-ils. C’est là que le bât blesse.
Comment a-t-on pu ignorer le travail abattu par les artistes tels que Michelino Mavatiku Visi, Sam Mangwana, Lokombe, Wuta Mayi, Beniko Popolipo, Dino Vangu, Dona Mobeti, Bumba Massa, Matolu Dode Papy Tex et bien d’ autres?
Voire la gent féminine a été oubliée : Faya Tess, qui totalise cette année 31 ans de carrière musicale, a fait ses preuves. Une artiste toujours plus volontaire et ambitieuse que jamais.
Pire, aucun artiste de théâtre, dessinateur, photographe, plasticien…résidant à l’étranger n’a été primé.
La créativité de l’auteur dessinateur Serge Diantantu, l’homme au talent indéniable et reconnu au plan international, a été méconnue : Les oeuvres théâtrales d’un artiste-comédien de la trempe de Mpeti Mpeya alias Mangobo sont jetées dans les oubliettes. Certes, on ne peut contenter tout le monde dira-t-on. Mais l’amertume de ces artistes, déçus dans le choix des récipiendaires, risque de raviver l’animosité qui existe déjà entre artistes musiciens congolais de l’étranger et créer un sentiment de frustration au sein de la corporation, et partant les opposer davantage les uns aux autres.
ORGANISER LE VIVRE ENSEMBLE
La reconnaissance nationale ne doit pas être un sujet de discorde entre les artistes. Cet événement doit plutôt les encourager à créer davantage et permettre l’émulation qui fait avancer les projets.
On peut espérer qu’il ne s’agit pas, là, d’«un coup politique» et qu’il y aura d’autres éditions pour reconnaitre le travail des vaillants créateurs congolais. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux.
Il appartient donc au ministère de la Culture de travailler dans ce sens et de créer les conditions du mieux vivre ensemble entre les artistes. Il est impératif de lutter contre la division entre les artistes musiciens congolais, parce que c’est d’eux dont il s’agit. Ils participent, au même titre que les autres artistes et opérateurs culturels, à la valorisation de l’art et de la culture congolaise».
Robert Kongo, correspondant en France
Copyright Le Potentiel
Envoyé par Blogger dans Kongo Espoir 21 le 1/05/2016 05:16:00 AM. Images: Robert Kongo.
* Mots en langue internationale africaine Swahili et traduction: la journaliste Faïda Weregemere (Rédaction MAGAZINE NGAMBO NA NGAMBO /France).
Mots-clefs : Bonghat Tshekabu Saak Sakoul 1er, Nedule Papa Noël, « Prix national de mérite de la culture et des arts » (PNMCA)