Deuil, «liwa mpe matanga», France: mort et vie du karatéka, Me Jim «Jungle» Makelele (témoignage du journaliste historique Nila Mbungu).
Salle Les Quatre Filles. Zone industrielle PariSud 1, N°1 rue René Mayer ou 1 Bd Jean Monet 77127 Lieusant, une ville du département français d’Ile de France, samedi 12 mars 2016 jusqu’au dimanche, 13 mars 2016 (matin): «Matanga ya nkondo Me Jim Makelele Sinda esalami kuna *». Le journaliste historique Nila Mbungu qui travaillait pour le quotidien national du soir «Elima» de la ville de Kinshasa, avait fait la connaissance dans les années 70 à Kinshasa d’un jeune qui débutait dans le karaté : Jungle Makelele, plus tard très connu dans des milieux des Congolais en Europe sous l’appellation de Me Jim Makelele. Notre confrère Nila raconte donne quelques témoignages sur la vie et la mort de ce sportif des arts martiaux qui vient décéder à Paris.
Témoignages du Journaliste historique Nila Mbungu (Région parisienne):
Le Karaté Congolais vient de perdre un de ses grands maîtres en karaté, style Shotokan. Me JIM MAKELELE, 5e dan, s’est éteint à 60 ans ! Ce champion du peuple a eu une subite attaque cardiaque le lundi 7 mars 2016 à la Gare de Lyon, à Paris. Transporté dans un état de comateux à L’Hôpital parisien PITIE SALPETRIERE, il est décédé le mardi 8 mars 2016 aux environs de 14 h.
Toute sa famille est bien entendu plongée dans l’affliction. Ses amis et ses fans se rassemblent et s’activent pour lui réserver des obsèques dignes. A partir de demain 9 mars 2016, Me Tamar, Me Tex Tekiyo, Me Bob Rambo Bolabwe et monsieur Rouf Mbutanganga vont donner le programme des funérailles. Sauf un changement dans les moments qui arrivent, il sera enterré dans la région parisienne.
LE DESTIN D’UN GRAND EXPERT EN ARTS MARTIAUX.
Victime d’une première attaque en 2013, Me Jim est resté lucide. Reconnaissant qu’il a été guéri par les prières et l’amour de sa femme. Après plusieurs mois d’hospitalisation, il avait courageusement repris les entrainements.
Je retiens pendant cette difficile période, son incroyable dignité. Quoique le mauvais sort grattait déjà à sa porte, il n’était nullement effrayé. Il combattait la maladie avec son énergie habituelle. Il continuait de gérer son club Lafayette sans se plaindre. Ses élèves penseront certainement à l’immortaliser en baptisant ce club de son nom.
La dernière fois que je l’ai vu, il était en grande forme. Il avait insisté pour me voir. On avait l’habitude de se fixer rendez-vous dans un café de la Gare du Nord. Cette fois, il m’attendait sur le quai 4 de la gare de Lyon. Il voulait me présenter des cinéastes qui préparaient un documentaire sur lui. Comme d’habitude, il sollicitait mon avis pour les aspects techniques. La rencontre étant reportée pour des raisons qu’il n’a pas jugées utile de m’expliquer, on a prolongé la soirée chez le chanteur congolais CANTA NYBOMA, à Montreuil. Il semblait serein mais détaché. Son regard s’est animé seulement pendant les débats sur les échéances politiques en Afrique. Infiniment intelligent, il écoutait avant de donner son point de vue. Sans détours et sans hypocrisie. Les émotions totalement maîtrisées. Je ne savais pas qu’en se quittant ce jour là, je ne reverrai plus Jungle vivant.
Étonné qu’il ne me relance pas, je l’ai appelé les samedi 5 et dimanche 6 mars 2016. Répondeur ! Je ne me suis pas inquiété. Dragon (c’est son autre surnom) rappelle toujours. Mon répondeur garde un message de 8 secondes qu’il m’a laissé lundi 7 mars à 10h43 : «Nils ! C’est moi, Me Jim…Rappelle ! »
Quelques heures plus tard, son destin basculait. A la fameuse gare de Lyon. Comment vous dire ce que je ressens.
J’ai perdu un complice cher. Un homme d’une intelligence et d’une intégrité admirables. Notre amitié c’est une belle histoire sans tache. Il m’appréciait et me respectait. J’étais l’une des rares personnes qui osaient le taquiner. Cet homme était dangereux mais pas du tout un voyou. Il cognait seulement lorsque son intégrité physique était menacée. Comme ce jour de juin 2009 où il a démoli quatre malabars qui l’avaient agressé dans une station service de l’A 6. A l’arrivée de la Police, les agresseurs gisaient dans une mare de sang.
Me Jim aimait l’excellence et la rigueur. De son vivant, sa force et sa maîtrise des arts martiaux ne se contestaient pas. Libre de conscience, il n’était ni couard ni flatteur. D’aucuns connaissaient son patriotisme. Malgré les dictatures, sa pensée était libérée. Ses projets étaient intéressants mais il était fatigué de répéter les mêmes conseils aux gens qui ne le comprenaient pas. Le sport congolais allait mal parce que, disait-il, on négligeait les experts au profit des thuriféraires.
Aurait-il accepté de devenir le coach de l’équipe nationale du Karaté ? Certainement pas. Son club Lafayette et ses champions avaient encore besoin de lui. Il n’allait pas s’engager dans un projet incertain. En 1997 déjà il avait refusé d’intégrer les Services spéciaux Congolais !
Intrinsèquement honnête, SENSEI JIM s’éloignait systématiquement du mal. Symbole de joie de vivre et de la simplicité, il a acquis à Paris le statut d’un MAITRE-PROTECTEUR des faibles. Lorsqu’un problème surgissait dans sa famille c’est lui qui jouait le réconciliateur.
CHAMPION POUR TOUJOURS.
Fils de papa SINDA et de Mama MPESE, JIM MAKELELE SINDA naquit dans une famille de 4 garçons (André Makelele, Magie et Louison) et 4 filles(Clémentine, Anne, Françoise et Aline). Ceinture noire 5e dan, professeur de karaté et fondateur du club LAFAYETTE de Paris, il a fait des formations en Management et Gestion d’entreprises. Il était administrateur d’un club sportif et d’une société de gardiennage à Paris.
Très bon milieu offensif, Jim Makelele a joué au football dans Manaya et Daring de Kinshasa. En Europe, il a brillé dans Roussel, AC Roma(Italie), Brunoy, Melun, Villefranche, KB Danemark et Portimonense (Portugal).
En Arts martiaux Me Jungle a su cumuler le judo (Ceinture marron), le Jiu-jutsui (expert), la Boxe Thai, la Boxe anglaise, le Tae-Kwendo et le Karaté Shotokan.
Les archives de Lafayette et de la Fédération Française de Karaté prouvent qu’il a été plusieurs fois champion ILE DE FRANCE. Son CV officiel affiche plus de 20 stages effectués en France. Combattant exceptionnel, il a gagné 270 combats contre une défaite. Aucun nul ! Le « Suri-konde yoko geri » était son arme fatale.
Sur le tatamis, Jim devenait un fauve. Inaccessible et impitoyable. D’où son surnom de JUNGLE.
Rien que pour les services rendus à ses compatriotes et autres amis, Me JIM MAKELELE est certainement auprès de Jésus-Christ là haut.
Nila Mbungu/Rédaction France.Photos archives Nila Mbungu.
*Information source: secrétariat AAFS
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